Claude
Rougier, séjours divers:
Argueil, Guéthary, Chartres, Italie, montagne
1947-53
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Séjour de Claude en
maison de repos à Argueil, octobre 48

Claude
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Lettre de Claude aux "dames"
de Sceaux, écrite depuis Argueil, octobre 1948
 | Argueil Ma
chère Bonne Maman et ma chère Tandrée Je vois que Tata
n'oublie pas les traditions familiales et bourgeoises en me souhaitant mes 19
printemps. J'en ai été très touchée et j'espère
que tous ses voeux se réaliseront.
Mais au fait qu'est devenu le Portugal? Affreux, affreux...... pour
moi, je suis tout à fait sédentaire et si Maman
vous a passé mes lettres, vous devez savoir que je
suis entre la plante et l'animal. Le pays ne manque cependant
pas de charme: noisettes, champignons, fleurettes et tout
et tout, de telle sorte que je fais des petites promenades
dans les clairières. les gens ont plutôt des
têtes patibulaires (plus très jeunes), pas très
genre "étudiants" mais sont bien braves et
bien gentils. On joue aux boules, au foot ball (jeu de table!!)
on tricote en faisant des ronrons etc..
| Maintenant
je parle santé (quoique ce soit la marotte des gens d'ici et que c'est
rasoirs et démoralisant) Le toubib va me faire ce matin un tubage du duodénum,
car il suppose que ma température (j'ai à nouveau 38°) vient
d'un peu d'infection de la vésicule. Il ne me reste donc plus qu'à
avaler de la tuyauterie. Quant au régime il est parfait: pommes de terre,
nouilles et fromage blanc comme base de mon alimentation, avec beurre que l'on
met dans son assiette au dernier moment. Donc tout va bien. Automne splendissime.
Je vous embrasse tendrement Claude |
Lettre
écrite par Claude, Fanny et Granie à Grand-Père, de Guétary
où elles sont en vacances. 
 (détails)
A Guéthary??
| Guéthary
le 5 juillet Mon cher Papa Nous allons aller Fanny et moi à la plage
en laissant Madame à la maison: Madame a sommeil et dormira. Il faut dire
d'ailleurs que ce climat incite à la flemme et au mattelassage. Nous
avons été à Biarritz avant hier et avons constaté
que cette ville n'était pas si bien que ça... en
tous les cas bien moins bien qu'il y a 2 ans - tout juste chic. Notre pays,
et tu le verras cette semaine, est très campagne, très propre et
en somme très agréable.
Tu me parles des écrits des Franciscains; St François
d'Assise sans doute - Fanny me dit l'avoir rendu (écrit
par Granie: s'expliquer avec la bibliothèque qui
le retrouvera dans ses archives)
Amène tes lunettes d'approche, nous irons à
une course de taureaux à Pampelune quand tu seras là, et je ne veux
pas perdre une miette avec mes yeux de taupe. Dis bien à la S.S. qu'ils
me rendent ma carte étudiante, j'en ai besoin pour septembre. Je laisse
un peu de place à Fanny et je t'embrasse très affectueusement Claude
écrit
par Fanny: Mon cher Papa
Il me semble que nous ne t'écrivons pas beaucoup, mais
il faut te dire que nous avons une quantité de distractions,
hier j'ai pêché des crevettes avec Maman, tandis
qu'elle ramassait d'infects escargots (des bigorneaux,
indique Granie) qu'elle a osé mettre tout entier
dans son assiette le soir, ce qui m'a dégoûté
à tout jamais des crustacés (malhonnête!
écrit Granie).
A part cela nous nous amusons beaucoup toutes les trois et
nos repas sont de véritables parties de rire. Je te remercie d'avoir
fait toutes mes corvées de femme peintre... je
fais une aquarelle de ma fenêtre, une colline affreusement difficile - contente
de te revoir bientôt - affectueusment Fanny | Ecrit
par Granie: Voulez vous chercher - 1/ dans le tiroir du meuble du meuble
dans le couloir, une épingle à chapeau boule bleue, à l'avant
du tiroir parmi les aiguilles à tricoter - 2/ dans le buffet salle à
manger, en haut, milieu gauche devant, une serviette mouchoir de Bourg - 3/ 2
paquets septiline | Vers
1948-50, Claude a fait au moins une fois le pélérinage des étudiants
à Chartres  (détails)

(détails)

Claude
Ci-dessous,
une lettre de Claude à Granie, parlant de ce pélérinage | |  (détails)
Pélérinage de Chartres, vers 1948-50
 (détails)
Pélérinage de Chartres, vers 1948-50
 (détails)
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 lettre
de Claude à Granie fin mai 48? 49? après un pélérinage
d'étudiants à Chartres
| "Sceaux
le 20 année ?? Ma chère Maman En ce jour solennel
de la fête des Mères ta grande fille te présente ses voeux
affectueux. d'ailleurs je ne sais plus très bien qui est la maman et qui
est la petite fille.... maintenant que je pèse
57 kg ! Il parait que tu étais inquiète de nous voir faire 50km
pour aller à Chartres. Ne t'inquiète nullement tout s'est passé
pour le mieux. peut être en as tu même entendu des echos - la messe,
et le "miracle de Théophile" à la radio - nous avons disserté
sur "la messe". sujet aride surtout pendant 3 jours mais nous avons
fini par en tirer beaucoup de choses: la Croix répons au problème
du mal , la présence réelle dans l'Eucharistie etc, etc ..... Il
y avait des hérétiques et des schismatiques de telle sorte que les
débats étaient virulents et intéressants. Nous étions
6500 à nous déplacer dans une harmonie parfaite et sans aucun désordre
- les routiers étaient digne de tous les éloges. " | Nous
avons couché sous des auvents immenses avec de la bonne paille et puis
nous avons surtout énormément bu. Les aumoniers étaient bien
et puis l'atmosphère était très estudiantine surtout le lundi
après midi où le pélérinage était terminé
et où nous avons bien chahuté. Je travaille....
beaucoup. Mais c'est curieux, je suis presque sûre d'échouer; comme
cela je n'aurai pas de désillusion. Il parait que tu t'inquiéte
de nous voir partir en Hollande. Le billet de chemin de fer coûte 1800F,
nous couchons avec l'organisation Pax Romana et auberge de la jeunesse, les camarades
sont très sympathiques., l'aîné a 25 ans et a de la famille
en Hollande (donc rien à craindre pour le change)... Et pour finir de te
convaincre je te dirai qu'il faut profiter de sa jeunesse tant qu'on en a la mentalité.
Je pense que te voila convaincue. Pour le voyage en Bretagne il n'y a plus
de place - affreux - affreux Mille baisers Claude
|
Claude
est allée en Italie en été 1952 avec un groupe d'étudiants
pour fouiller des tombes étrusques sous la direction du Professeur Raymond
Bloch. Elle en a profité pour visiter Rome puis Assise, puis Sienne. Voici
des lettres envoyées pendant ce séjour. Lettre
de Claude qui écrit à sa famille, de Rome. 
| "Rome Chère
famille, La vie continue ici épatante. Jusqu'ici j'étais avec
mes deux amies anglaises dans une maison de l'ambassade anglaise, mais comme mes
bonnes amies sont parties et que l'argent y filait un peu trop vite - il faut
vous dire qu'avant on s'était trouvé une boite à puces qui
nous déprimait. c'est pour ça qu'on s'est mises à avoir des
goûts de grandeur - donc maintenant je suis dans un couvent pour étudiantes... et
après avoir consciencieusement fait la cour à la Madre Superiore,
j'y suis pour 650 lires (demi pension - je déjeune à l'extérieur
sur les ruines romaines avec 1 kg de pêches et 2 petits pains) ce qui fait
350 F par jour. Donc je resterai encore à Rome la semaine prochaine. L'ennui
est qu'il y fait un peu chaud et que je perds la graisse que j'avais acquise à
Bolsena; mais maintenant que j'ai plus de temps, je me repose consciencieusement
l'après midi. La course dans les musées est teminée. Les
Italiens de la villa Giulia (c'est à dire genre surintendant des antiquités
étrusques) sont vraiment très gentils. Avant hier ils nous ont emmenés
à Cerveti et nous ont montré expliqué toutes les fouilles
c'était passionnant. Je suis enthousiasmée par l'étruscologie.e
continue ici, épatante | Mais
dans le fond à Rome il y a 4 choses qui valent la peine d'être vues:
le circolare qui est l'autobus qui pour 10 lires (100 sous) vous fait faire autant
de fois que vous voulez le tour de la ville - avant 10h car après c'est
plus cher - , les agents de ville (qui règlent la circulation avec des
gestes dignes des ballets de l'Opéra), les 5 km de la via Appia où
sont les tombeaux romains, et la chapelle sixtine. Mais en général
les églises n'ont pas d'âme. On se trouve ici des petits amis
tous les jours pour vous entretenir - et ce n'est pas désagréable
- Tout va bien je vous embrasse Claude Je
parle et comprends couramment l'italien. Plutôt que de s'embêter à
des cours d'italien, il vaut mieux être dans le milieu italien et parler." |
| 2ème
lettre de Claude, en été 52, elle continue son séjour en
Italie "Chère famille Je suis
à Assise où je passe quelques jours de retraite dans la maison d'hospitalité
des Clarisses, où est entrée une amie de Sorbonne. Le pays de St
François et de Ste Claire est variment Saint. Je vous écris du jardin
potager tout herbu: d'un côté est la plaine de l'Ombrie et de l'autre
les maisons d'Assise qui s'entassent en escalier. C'est une grâce que de
passer quelques jours ici, où l'esprit de pauvreté contraste avec
l'esprit de faste qu'a la Rome catholique. Demain je pense aller à l'Alverne
où St François a été stigmatisé et de là
je continuerai mes pérégrinations pour Pérouse et Florence. Ecivez
moi à partir de maintenant jusqu'au 14 août environ à Florence
"Resto in posta" (= poste restante). Je pense que maintenant vous êtes
dans ces bonnes vieilles Pyrénées (à Gerdes).
Embrassez la famille de ma part. | J'ai
passé mes derniers jours à Rome à aller à Tarquinies
(?). je crois que j'aurai beaucoup de choses à dire sur mes Etrusques.
A Tarquinies, j'ai rencontré des gens très gentils qui m'ont invités
à déjeuner au bord de la mer. La jeune femme avait longtemps habité
en France, elle était suissesse et son mari était Italien. J'ai
passé une bien bonne journée. Dans le fond mon séjour à
Rome a été agréable grâce au couvent délicieux
où j'ai habité, et grâce à Antonioni - un superintendant
de la villa Giulia le musée étrusque - qui avait été
avec nous à Bolsena et avec lequel je me suis promené à peu
près tous les jours dans les antiquités, et comme il est très
cultivé, c'était très intéressant. Jacques pense
aller en Italie en septembre, j'aimerais y être encore. Pour les finances
ça ira sûrement car je me nourris beaucoup de pêches et de
lait. Il ya bien mon examen, j'y pense et c'est ce qui me tracasse un peu. Pour
ce qui est des cours à Sainte Ursule dont me parle Papa, je pense les redonner
l'année prochaine à moins d'évènements extraordianires
ou imprévus. Affectueusement Claude" |  | Carte
adressée par Claude, de Bolsena, à Grand Père à Versailles,
juillet 1952 "Chère familia L'Italie
n'a pas déçu mes espérances. c'est absolument formidable.
Rome est une ville dorée par l'atmosphère, l'oeuvre d'art ne se
rencontre pas dans les musées mais à chaque pas dans la rue. Bloch
(le professeur Raymond Bloch, qui les accompagne) a un peu d'infection
après s'être blessé au pied, aussi il est au Palais Farnèse
jusqu'à lundi. Pour l'instant il n'y a qu'à bouffer (les repas sont
princiers, chauffés, etc..), dormir, se baigner. Ce matin un italien m'a
fait faire 5 km à pied dans la ville étrusque et romaine de Bolsena.
Il y a aussi 2 anglaises pour aider Bloch. Baisers Claude" |
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 | Carte
adressée par Claude, de Bolsena, à Granie et Fanny qui sont à
Dampierre, juillet 1952
"L'Italie est un pays extraordinaire. Je suis
dans l'enthousiasme. Ce serait difficile d'ailleurs qu'il
en soit autrement, vu mon emploi du temps jusqu'ici.
Je suis avec 2 anglaises (une relève les inscriptions).
Un italien relève les plans. Bloch est au palais
Farnèse et en attendant qu'il revienne, je n'ai
pas grand chose à faire, si ce n'est bouffer, dormir,
faire du bateau, me baigner. Rome est une ville très
élégante et dorée par le soleil.
Baisers Claude"
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 | Carte
de Claude à Bolsena, à Grand Père qui est à Versailles,
juillet 52
"Mon cher Papa J'ai oublié de te donner
mon adresse. Albergo di Lago, Bolsena, Province de Viterba. Mon séjour
est toujours aussi enchanteur, cette après midi il faut que j'aille voir
une tombe perdue au milieu des oliviers. Mais il y a bien ici pour 100 ans de
fouilles et encore ce ne serait pas fini. Bloch nous promène en auto. Je
me baigne ce soir. Affections Claude Ensuite
je vais à Rome puis Pompéi. fais suivre mon courrier Ecole Française
de Rome - Palais Farnèse - Piazza Farnèse - Rome - à partir
du 19 (?)" |
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Claude a été voir le "Palio"
à Sienne, peut-être en fin d'été
52, (ou en 53?)
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